Elie, qui êtes-vous ? Racontez-nous votre parcours…
Je suis Niçois. Il s’agit là d’une information cruciale ! En effet, c’est à Nice que je commence à étudier la science politique. J’avais auparavant validé un DEUG (Diplôme d'études universitaires générales) en droit, intitulé de diplôme désormais archaïque qui témoigne de mon âge avancé…
À cette époque, je commence à nourrir un intérêt tout particulier pour les États-Unis en tant qu’objet d’étude. Mon niveau d’anglais est alors… calamiteux. C’est pourquoi, à l’issue de ma quatrième année d’étude, je décide de partir en Angleterre pour pratiquer la langue de Shakespeare et travailler dans un secteur en tous points différent de celui des études politiques. Mais j’y reviens un an plus tard, à Sciences Po Bordeaux, chez Dario Battistella [1]. C’est sous sa direction que je commence une thèse sur le Département d’État américain, avant de me focaliser sur les démocraties en guerre. Il me faudra sept ans pour la mener à bien. Il faut dire que la thèse est épaisse, que je n’ai pas de financement et que je conduis, par conséquent, mes recherches pendant mon temps libre. Cela m’a amené à exercer une multitude d’activités professionnelles en parallèle, mais surtout, à beaucoup enseigner, une expérience qui m’a incroyablement enrichi. Deux ans après ma soutenance de thèse, j’intègre l’IRSEM comme chercheur postdoctorant, en partenariat avec Polytechnique.
J’ai récemment publié Comment perdre une guerre. Une théorie du contournement démocratique (CNRS Editions). L’ouvrage est une version remaniée de ma thèse. J’y explique les raisons et, plus précisément, la raison majeure à mon sens, des défaites militaires des démocraties.
Mes recherches actuelles prolongent ces réflexions. Je travaille sur les conséquences stratégiques des discours politiques et, comme toujours, sur les tensions entre les impératifs inhérents à la guerre et à la démocratie. Cela ne m’empêche pas de m’intéresser à d’autres enjeux comme les causes de la guerre. Ce dernier questionnement a d’ailleurs fait l’objet d’une journée d’étude organisée par l’IRSEM, il y a quelques semaines.
Mon épouse me pose régulièrement la question et je ne parviens manifestement pas à lui fournir de réponse convaincante puisqu’elle persiste à me la poser… !
J’ai une vision assez simple de la recherche : viser à l’amélioration des connaissances existantes. Cela requiert une certaine ambition car il est question de faire mieux ou, du moins, d’aller plus loin que ce qui a déjà été fait ; cela requiert aussi de l’humilité pour permettre à d’autres de faire de même vis-à-vis de soi. Il faut accepter d’être le maillon d’une chaîne, en quelque sorte. Dans ces conditions, la production de savoir me semble être une fin en soi. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’une meilleure connaissance du monde peut produire – et j’ai conscience de l’apparente naïveté de la formule – un monde meilleur. Tant que cette fin n’est pas antagonique avec la première, le chercheur ne doit pas s’empêcher de la poursuivre, s’il le souhaite. Cela n’implique pas d’agir directement dans les affaires, ni même de proposer des recettes prêtes à être suivies, mais plutôt de produire des connaissances à propos de processus sur lesquels les acteurs politiques ont des leviers, que l’on soit critique ou non. À cet égard, la recherche dite « théorique » peut apporter un éclairage précieux.
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[1] Professeur des Universités spécialiste des relations internationales.