L’IRSEM publie dans cette collection ses recherches stratégiques principales.
Je m'inscris aux actualités de l'IRSEM
Etude n°120 - 2024
« Les ambitions de la Russie et de la Chine en Méditerranée »
Auteurs : Dr Céline Marangé et Dr Carine Pina
À la veille de l’invasion de l’Ukraine, Xi Jinping et Vladimir Poutine annonçaient le caractère désormais « sans limite » du partenariat stratégique sino-russe. La question de la nature de leur relation – une alliance en devenir ou un mariage de circonstance – se pose de nouveau alors que l’ordre international semble durablement bouleversé. L’analyse de leurs politiques respectives et de leur coopération concrète dans une région aussi stratégique que la Méditerranée constitue à cet égard un indicateur pertinent. La mise en regard des stratégies russe et chinoise en Méditerranée dans les domaines militaire, économique et politique laisse apparaître leur propension à agir parallèlement, sans entraver leurs visées respectives. La Russie s’est imposée dans la région méditerranéenne en prenant des initiatives risquées et en y déployant des moyens militaires et navals, tout en défendant ses intérêts économiques. La Chine s’y est fait une place en misant sur son expansion économique, à travers ses échanges commerciaux et des investissements dans des entreprises stratégiques et des infrastructures de transport, tout en développant des capacités sécuritaires et policières. À en juger par leurs stratégies dans la région de la Méditerranée, l’heure semble plutôt à la mise en œuvre – et à la mise en scène – d’un alignement de principe entre Moscou et Pékin visant à en évincer les Occidentaux et non à l’émergence d’une alliance militaire.
Etude n°119 - 2024
« À bas le néocolonialisme ! » - Résurgence d’un récit stratégique dans la Russie en guerre »
Auteur : Dr Maxime Audinet
L’étude s’intéresse à la dimension narrative de la politique étrangère et des stratégies d’influence, en prenant pour cas d’étude la résurgence et l’actualisation du récit anti(néo)colonial dans le discours politique russe depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Elle se place dans le sillage du « tournant narratif » des Relations internationales et du cadre conceptuel des « récits stratégiques » (strategic narratives), qui visent à « construire un sens commun du passé, du présent et de l’avenir de la politique internationale, afin de façonner le comportement des acteurs nationaux et internationaux ». Alors que la plupart des travaux empiriques suivant cette approche partent des acteurs à l’œuvre pour identifier les récits qu’ils formulent et projettent, ce travail adopte la perspective inverse en partant du récit lui-même, avant de remonter la piste jusqu’à ses producteurs et ses diffuseurs. L’analyse se concentre d’abord sur les « narrateurs » politiques du récit anti(néo)colonial russe, tant dans le discours poutinien que parmi les élites du pouvoir, dans la communication diplomatique ou au sein des milieux parlementaires russes. Elle explore ensuite la manière dont ce récit est propagé par les principaux acteurs de l’écosystème d’influence informationnelle de la Russie – RT et Sputnik, « galaxie Prigojine », African Initiative – en observant sa diffusion vers l’Afrique subsaharienne. L’étude met enfin en évidence trois objectifs recherchés par la Russie à travers cet usage démultiplié du récit anti(néo)colonial : la légitimation de sa politique étrangère contemporaine par la fabrication d’une continuité historique avec l’engagement anti-impérialiste soviétique ; le renouvellement de la critique de l’interventionnisme occidental, y compris à des fins d’inversion accusatoire ; la séduction des audiences ciblées dans les pays du « Sud global » par la recherche de convergences discursives et idéologiques
Etude n°118 - 2024
« Les Houthistes et la mer Rouge »
Auteur : Dr Alexandre Lauret
L’automne 2023, les rebelles houthistes au Yémen surprennent le monde entier en attaquant le sud d’Israël à l’aide de drones et de missiles. Quelques jours plus tard, ils réitèrent leurs frappes en ciblant, cette fois-ci, les navires marchands des armateurs occidentaux affiliés à Israël en mer Rouge. Ces frappes sont aussitôt revendiquées comme un soutien armé à la cause palestinienne et aux massacres de la bande de Gaza. Si les houthistes mènent un combat contre « l’alliance américano-sioniste » depuis le début du XXIe siècle (la seconde Intifada et l’invasion de l’Irak en 2003), leurs attaques en mer Rouge leur permettent de renverser une multitude de rapports de force à différentes échelles géographiques : l’échelle nationale de la guerre civile yéménite commencée en 2014, l’échelle régionale de la guerre des houthistes contre la coalition arabe de 2015, enfin l’échelle mondiale du rapport entre l’isolement du Yémen et l’ouverture forcée à la mondialisation du pays depuis le début du XXe siècle. Comprendre ces renversements nécessite de nous intéresser à la façon dont les houthistes perçoivent la mer Rouge à travers leurs combats, leurs récits alternatifs à celui du pouvoir central et leurs revendications politiques depuis le début des années 1990. Pour les analyser, cette étude s’appuie sur des données empiriques collectées auprès de réfugiés yéménites installés à Djibouti depuis 2015 et de ceux ayant préféré rentrer au pays malgré la poursuite des combats et l’oppression exercée par les houthistes dans les territoires qu’ils contrôlent. Ces entretiens révèlent la prépondérance de la volonté d’accéder à la mer Rouge, comme espace de souveraineté et de légitimité, de ce groupe de rebelles originaires des régions isolées du nord du pays et devenu un État paria depuis le coup d’État militaire de septembre 2014. Afin de répondre à cette hypothèse, cette étude s’intéresse à l’histoire contemporaine du Yémen pris dans des processus d’ouverture forcée par la mondialisation, par l’impérialisme saoudien et par les influences religieuses extérieures depuis le début du XXe siècle. Les houthistes apparaissent comme un réservoir d’exclus et de populations marginalisées par ces processus d’ouverture forcée et pour qui, accéder à la façade maritime représente une revanche historique et un territoire à conquérir et à défendre. Pour atteindre ce but, les houthistes déploient un récit de la résistance yéménite face aux influences étrangères néfastes, illustrées par l’intervention militaire saoudo-émiratie, elle-même dictée par les États-Unis (É-U) et Israël, depuis les bombardements dans la bande de Gaza. Ce récit performatif permet surtout aux houthistes de mobiliser une population excédée par leurs pratiques autoritaires de gouvernance et de les fédérer autour de la cause palestinienne. Si les houthistes défendent réellement la cause palestinienne, leurs actions en mer Rouge leur offrent la possibilité d’acquérir la reconnaissance internationale de leur légitimité sur le Yémen et l’obtention d’une rente économique grâce à la mise en place d’un barrage et d’un péage sur l’une des routes maritimes les plus empruntées. À terme, la quête de pouvoir effrénée des houthistes positionne la mer Rouge comme leur espace salutaire
Etude n°117 - 2024
« La Marine Turque : un atout militaire pour l'OTAN ? »
Auteur : CC Mayeul Pappens
La marine turque présente en 2024 plus d’atouts militaires pour l’OTAN qu’elle n’engendre de faiblesses. D’une part, elle joue un rôle central depuis le 24 février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en particulier en mer Noire. Maître de l’accès à cette dernière grâce à la convention de Montreux, elle est, depuis le 28 février 2022, la seule marine otanienne d’importance à naviguer dans cette mer fermée. Elle y dispose de capacités navales susceptibles de rivaliser avec la flotte russe de l’espace pontique. D’autre part, le volume de la flotte turque est un deuxième atout sur les plans des ressources humaines et des capacités, régulièrement engagées dans les exercices ou opérations de l’Alliance atlantique et qui se modernisent rapidement – même si sur ces points des fragilités viennent affaiblir son rôle dans l’Alliance. Parmi ces dernières, peuvent être évoqués les épisodes conflictuels l’ayant récemment opposée à d’autres marines de l’OTAN, sa restructuration idéologique après la tentative de coup d’État de 2016 et l’état actuel des capacités navales vieillissantes à faible expérience opérationnelle. Son importance militaire pour l’Alliance à l’horizon 2030 pourrait être remise en cause par des évolutions de politique intérieure et de positionnement sur les plans diplomatique et militaire de la Turquie, en particulier vis-à-vis de la Grèce et de la Russie
Etude n°116 - 2024
« Les jeunes et la guerre : représentations et dispositions à l'engagement »
Auteur : Anne Muxel
Cette étude vise à cerner le rapport que les jeunes entretiennent avec la réalité de la guerre et évalue, sous l’angle du lien armée-nation, leurs dispositions à l’engagement en cas de conflit majeur impliquant la France, y compris sur son territoire. Elle rend compte de la vision que les jeunes ont des armées françaises, engagées dans les guerres passées, présentes mais aussi futures. Leurs positionnements quant à la dissuasion nucléaire, l’appartenance à l’OTAN ou encore la création d’une Europe de la défense sont aussi explorés. Enfin, elle éclaire leurs capacités d’anticipation des menaces qui se profilent dans le monde de demain. Elle s’appuie sur une enquête quantitative inédite menée en ligne auprès d’un large échantillon représentatif de la jeunesse française âgée de 18 à 25 ans et établit un ensemble de résultats permettant de répondre à ces interrogations. Elle fournit aux armées un cadre d’interprétation des attitudes et des opinions les plus significatives dans les jeunes générations au sujet de la guerre. Dans le champ de la sociologie militaire comme dans le champ des études sur la jeunesse, c’est un sujet qui a été peu exploré et qui pourtant, en raison des reconfigurations internationales des conflits et de la diffusion des menaces hybrides auxquelles les armées comme les populations sont confrontées, est plus que jamais d’actualité. Il en ressort un ensemble de résultats qui fournit des indications inédites sur l’état d’esprit des nouvelles générations face à la montée des périls guerriers pouvant concerner la France et sur leurs dispositions d’engagement. L’un des enseignements les plus marquants de cette étude est le constat de la vitalité des dispositions de la jeunesse française envers l’engagement, y compris l’engagement militaire et l’éventualité d’une mobilisation dans des conflits armés de haute intensité. La réalité d’un regain de patriotisme connaît plus ou moins d’intensité selon les segments de la jeunesse, mais elle laisse présager un solide potentiel de résilience et de soutien de la part des jeunes générations en cas de guerre ou de conflit majeur.
Depuis plus de deux décennies, la Chine s’emploie à effectuer à l’étranger des opérations militaires autres que la guerre (OMAG), permettant ainsi à ses forces militaires de se projeter à l’international. Les OMAG chinoises à l’étranger sont directement inspirées de la doctrine américaine des Military Operations Other Than War (1995-2006). Ces opérations, menées en grande partie grâce au déploiement de moyens militaires pour des enjeux sécuritaires non traditionnels, attisent-elles le dilemme de sécurité ? L’hypothèse avancée dans cette étude est que, en effet, les OMAG menées par la Chine à l’étranger contribuent à exacerber le dilemme de sécurité et de ce fait affectent les relations interétatiques. Pour quelles raisons ? Les OMAG menées par la Chine à l’étranger occupent, depuis ces deux dernières décennies, une place plus importante dans la stratégie de l’Armée populaire de libération (APL). Elles font l’objet à la fois d’une plus grande institutionnalisation et d’un nombre croissant d’opérations dont celles dédiées à la protection des populations (Resevacs/évacuation de ses nationaux à l’étranger et Humanitarian Aid and Disaster Relief). La Chine tire de ses OMAG des bénéfices aussi bien militaires que stratégiques. Enfin, elles s’inscrivent dans un contexte de compétition croissante avec les autres puissances, au premier rang desquelles les États-Unis dont elles attisent la méfiance. La coopération serait alors envisagée comme l’un des moyens de réduire les mécanismes à l’œuvre dans le processus du dilemme de sécurité.
Etude n°114 - 2024
« Ce que veulent les grandes puissances : La quête de statut de la Chine et l’avenir de l’ordre international »
Auteur : Elie Baranets
Course à la puissance, à la sécurité, à la technologie, ou encore aux retombées économiques, la rivalité sino-américaine est généralement décrite comme une compétition qui englobe tous les domaines. Ces différentes dimensions ne dévoilent néanmoins jamais autant leur intérêt que lorsqu’elles sont analysées à travers la course au statut à laquelle elles participent. Traditionnellement mise en avant pour expliquer les relations entre la Chine et les États-Unis, la notion d’équilibre des puissances souffre à la fois d’une ambiguïté récurrente et d’une capacité explicative limitée, notamment dans sa version la plus visible, incarnée aujourd’hui par le réalisme offensif de John Mearsheimer. Pour comprendre comment les logiques de croissance économique, de puissance, et de prestige sont connectées et se répercutent sur l’ordre international, l’étude propose plutôt de puiser dans les travaux de Robert Gilpin. Les conclusions de la littérature récente en Relations internationales permettent ensuite d’identifier les sources d’antagonismes liées au statut. Il ne semble pas que le renversement de l’ordre international en place soit la priorité de la Chine. Cela pourrait le devenir si elle ne se voit pas conférer le statut qu’elle pense mériter. L’étude examine les différents scénarios envisageables et leurs modalités
La Gendarmerie nationale française et la Guardia Civil espagnole sont deux forces de sécurité à statut militaire, dotées de racines communes et d’une organisation similaire. Ce point de départ leur a permis de développer une coopération particulièrement aboutie et totalement inédite dans le paysage sécuritaire mondial. Celle-ci est d’abord transfrontalière, puisque les deux pays partagent une large bande terrestre de démarcation et que les unités situées de part et d’autre des Pyrénées collaborent quotidiennement. Cette ligne de contact est le cœur d’une collaboration qui s’exprime également sur l’ensemble du territoire des deux pays, entre centres de formation et services d’enquête en charge de la lutte contre la criminalité organisée. Cette coopération déborde même du seul cadre binational pour déboucher sur une géopolitique concertée, des actions communes au sein de plusieurs organisations internationales et des opérations conjointes à l’étranger. Elle peut donc servir de modèle ou d’inspiration pour toute coopération policière en Europe et au-delà
Etude n°106 - 2023
« La sécurité des Philippines – Coopérations de défense et alliances »
Auteur : Marjorie Vanbaelinghem
Comprendre les enjeux de sécurité des Philippines implique d’adopter une perspective historique mais aussi de prendre en compte le hiatus avec leurs principaux partenaires de sécurité en matière d’évaluation de la menace. En effet, ce sont avec les autres pays d’Asie du Sud-Est, plutôt qu’avec son allié principal, que Manille partage ses plus sérieuses préoccupations : question des litiges en mer de Chine méridionale, problèmes intérieurs liés à des forces séparatistes ou des conflits religieux et difficulté à trouver une posture vis-à-vis de la Chine. Pour autant, ces défis communs n’ont pas permis à un régionalisme de sécurité d’émerger. Les vicissitudes de la politique intérieure ainsi que la position géographique du pays, tout proche de Taïwan, font cependant que sa sécurité est devenue l’affaire des autres. Si l’alliance avec les États-Unis a été remise à l’honneur par le président Bongbong Marcos, les coopérations avec l’Australie et le Japon se sont intensifiées, au point même qu’une triangulaire Philippines – Japon – États-Unis est en train d’émerger. L’étude des acteurs et des composantes de la sécurité des Philippines soulève la question du sens et de la valeur des alliances et des coopérations aujourd’hui, alors que la rivalité entre États-Unis et Chine s’accroît et que Pékin s’efforce de promouvoir une architecture internationale alternative, y compris dans le domaine de la sécurité. Cette étude montre que l’alliance avec les États-Unis reste la pierre angulaire de la sécurité des Philippines mais qu’elle l’est aujourd’hui « par défaut », car la relation n’est pas sans ambiguïté et n’est plus exclusive. L’asymétrie entre les deux pays rend le lien moins évident et moins adapté dans l’ère du minilatéralisme et des alliances en réseau qui s’est ouverte en Asie.
Authors: Pooja Jain-Grégoire, Raphaëlle Khan, Arnaud Koehl, Swati Prabhu, Mihir S. Sharma, and John-Joseph Wilkins
Strategic convergences mean that EU-India partnerships have the potential to be a vector of change for both actors and to offer new prospects for policy dialogue, as well as shared technical, industrial, and economic development. However, their differences of approach should be better understood and points of contention should also be further analysed so as to ultimately be addressed in a transparent manner.
Since the fall of Muammar Gaddafi in 2011, and due to Libya’s extremely fragile security and political situation, the country is plagued by permanent crises. Libya is also turning into an arena of power struggles and wars of influence between various actors, both national and foreign. Turkey counts among these actors and has adopted a diversified investment strategy, focusing mainly on the military, economic, political, social and educational sectors. Ultimately, Turkey’s goal is to ensure that Ankara emerges as a dominant force once the conflict has been resolved. In addition to this investment strategy, Turkey sports a clear-cut state-building project for a prosperous economy; its details deserve to be clarified. What are the modalities of Turkey’s actions in its quest for hegemony in Libya? How has Turkey positioned itself amid the restructuring of power in Libya
Auteurs : Maxime Audinet et Emmanuel Dreyfus
Les relations entre le Mali et la Russie se sont essentiellement matérialisées, jusqu’à une période récente, par une coopération de défense relancée au début des années 2000 sur les fondements de liens établis à l’époque soviétique. Elles connaissent toutefois un nouvel essor depuis les deux coups d’État de 2020 et 2021 et les négociations entamées par les autorités maliennes avec l’organisation paramilitaire Wagner. L’arrivée fin 2021 de ce groupe de mercenaires russes au Mali, déjà déployé dans d’autres pays africains, apparaît comme l’un des marqueurs les plus emblématiques du réengagement amorcé ces dernières années par Moscou en Afrique subsaharienne. Elle s’inscrit en outre dans un contexte d’isolement régional et international de Bamako, de crise politique majeure entre la France et le Mali, et de dégradation toujours plus profonde des relations entre la Russie et les pays occidentaux depuis l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022.
Auteur : CRP Clément Sorbets
La singularité du métier militaire a fait l’objet d’un regain d’intérêt notable à la fin des années 2010 au sein du ministère des Armées. Il peut s’expliquer par un sentiment de fragilisation des attributs qui composent cette singularité. À ce titre, la question du caractère indiscutable, justifié et immuable de la singularité du métier militaire peut se poser. La réponse mérite d’être nuancée. En effet, la singularité du métier militaire est particulièrement défendue aujourd’hui ; elle constitue d’ailleurs une nécessité, en ce qu’elle est dictée par la spécificité des missions des armées, telle la capacité confiée au militaire de pouvoir donner la mort sur ordre ou l’acceptation de la recevoir. Celle-ci serait d’ailleurs la spécificité mère. Toutefois, divers phénomènes contemporains et évolutions, intérieurs et extérieurs aux armées, tendraient à relativiser cette spécificité. Par ailleurs, en se projetant dans le temps, il peut être soutenu que, quel que soit le visage des métiers militaires du futur, ils demeureront singuliers parfois par nature, mais toujours par destination. Les autorités ministérielles et le commandement devront rester vigilants et agir pour éviter tout risque de banalisation compte tenu des multiples défis auxquels devront faire face les armées de demain.
Auteur : Anne Muxel, Florian Opillard et Angélique Palle
L’opération Résilience déclenchée par le président de la République dès le début de la pandémie de Covid-19 confirme la relative évidence avec laquelle le pouvoir civil saisit désormais le personnel militaire en soutien de son action. Cela va-t-il de soi pour les populations ? Qu’en pensent les Français ? Quelle légitimité reconnaissent-ils au pouvoir politique et au pouvoir militaire dans cette situation d’exception ? C’est un aspect peu analysé de la façon dont la crise sanitaire a été traitée par les autorités politiques et sanitaires et vécue par les populations, non seulement dans ses moments les plus intenses (printemps 2020), mais aussi dans ses temps de relative accalmie (été 2020, printemps 2021), que cette étude entend présenter. Elle expose les résultats d’une enquête inédite menée auprès d’un échantillon représentatif de la population française sur la perception du rôle et de la mobilisation des armées dans la crise sanitaire. Elle renseigne sur la façon dont se répartit pour l’opinion publique l’équilibre des pouvoirs, des décisions et des compétences entre les pouvoirs civil et militaire lors des crises non conventionnelles. Plus largement, les données recueillies permettent de revisiter le lien des Français à leurs armées, l’image qu’ils en ont, et de cerner l’évolution de leurs attentes en matière de sécurité et de protection. Enfin, l’enquête rend compte de l’état d’esprit des Français confrontés au fléau de la pandémie, aux restrictions imposées et aux inquiétudes que cette crise inédite a pu occasionner.
Auteur : Régio Conrado
Le phénomène terroriste qui touche le Mozambique depuis octobre 2017 est un phénomène nouveau non seulement dans ce pays, mais aussi pour toute la région de l’Afrique australe, à l’exception de la République démocratique du Congo. Parmi les enjeux posés par cette violence se trouve l’explication des causes de son émergence et de ses évolutions. Cette étude propose une analyse des causes du phénomène terroriste au Mozambique ainsi que de sa structuration et de ses dynamiques récentes. Elle montre que l’apparition des violences est liée à des processus d’exclusion sociale et économique d’une partie de la population au nord du pays, en particulier les jeunes. Ces processus s’enracinent entre autres dans la structure historique de l’État et du régime politique mozambicain, né de la guerre de libération nationale et de la guerre civile, ainsi que dans l’insertion du pays dans les échanges économiques mondiaux. En effet, l’intérêt de puissances et entreprises étrangères pour les ressources naturelles du pays a contribué à déstabiliser les équilibres sociaux, économiques et politiques de certaines régions du Mozambique. Cette trajectoire historique de l’État mozambicain explique également en partie la tournure prise par les événements, notamment les difficultés rencontrées par les forces armées pour lutter contre les groupes terroristes. C’est avec l’appui de puissances étrangères, comme le Rwanda, que l’État mozambicain est parvenu en partie à juguler le phénomène.
Author: Timothée Albessard
The official posture of the Japanese government which, for decades, has reconciled the U.S. nuclear umbrella with diplomacy in favor of abolishing nuclear weapons, has always been surrounded by discordant statements from senior political officials. These include the former Prime Minister Abe, claiming that Japan’s Constitution does not prohibit the possession of defense-oriented nuclear weapons, while various members of his entourage have already asserted the need for Japan to pursue a nuclear hedging strategy. Many observers and analysts have expressed their agreement, particularly because of two policies pursued by Tokyo and regarded as ambiguous owing to their duality: the maintenance of a program to extract plutonium from spent fuel, and a dynamic space program, increasingly affirming the role of outer space in national security. Rethinking the concepts of hedging and latent nuclear capabilities in the case of Japan shows that Japan’s latency is cultivated and is used by Tokyo as a diplomatic lever at the regional level, with the aim of limiting aggressiveness from China and North Korea toward it; it also serves as a political lever vis-à-vis Japan’s U.S. ally, in order to push Washington to strengthen its security guarantees, via the same implicit threat of rapid nuclear proliferation, in the event of a sudden change in the status quo. Through this reassessment of Japan’s nuclear policy, the differences between the Japanese government and a part of its population that favors nuclear abolitionism are examined, on a political level. On a conceptual level, this reassessment leads to challenging and rethinking the central concepts of hedging and latency, to adapt them to contemporary nonproliferation and even counter-proliferation issues. Finally, on a geopolitical level, it provides insight, through the singular example of Japan, into the consequences of the military rise of China and the failure to resolve the North Korean crisis on the stability not only of East Asia, but also of the world, insofar as these two phenomena weaken the nonproliferation regime established by the NPT fifty-two years ago.
Auteur : Arthur Quesnay
Depuis 2003, la guerre civile irakienne peine à se stabiliser sous l’action des organisations politiques, créant une dynamique de crises à répétition exacerbée par les ingérences étrangères, notamment iranienne. Le principal facteur de ces conflits est politique : les partis irakiens jouent un rôle déterminant dans la guerre civile, instrumentalisant les soutiens internationaux pour s’ancrer dans l’État et s’imposer à la population. Dans ce contexte, la guerre contre le groupe État islamique (2014-2017) a permis la montée en puissance des groupes paramilitaires pro-iraniens qui tentent d’imposer un nouvel ordre politique. Cependant, plusieurs défis se posent à leur ambition hégémonique, en particulier leurs revers électoraux, la difficulté à produire de la gouvernance et l’hostilité croissante de la population.
Auteurs : Anne-Laure Mahé and Nina Wilén
The COVID-19 pandemic saw armed forces play an important role in the implementation of policies aimed at fighting the spread of the virus, or at alleviating the side effects of COVID-related restrictions. In many countries, they have engaged in humanitarian, policing or medical interventions, sometimes in rupture with their traditional tasks, and sometimes in continuity as was the case for African states that had been affected by Ebola. This report studies the domestic deployment of militaries to manage the pandemic on the African continent and analyzes the COVID-19 crisis as a case study of continuity and change: both within civil-military relations more broadly and within the armed forces in particular. It report focuses on four cases: Sierra Leone by Maggie Dwyer and Osman Gbla; Burkina Faso by Aboubacar Maïga; Uganda by Moses Khisa; and South Africa by Lindy Heinecken. In those four cases, military engagement in the pandemic go from being out of the ordinary, to cases where it followed previously established norms. These case studies provide explanations for these variations, highlighting the importance of history and context in shaping civil-military relationships and the military’s place within the broader security apparatus. It also points to the short and long term impact of the pandemic on the armed forces’ professional identity, and to the vulnerabilities they experienced due to their living conditions and their broad range of tasks?
Quelle vision les jeunes ont-ils de la société qui les entoure ? Quelles sont leurs attentes à l’égard du travail ? Leurs relations à la hiérarchie et à l’autorité ? Quels sont leurs sujets d’inquiétude et de préoccupations ? Quels citoyens sont-ils et seront-ils ? C’est à ces questions qu’une enquête inédite menée dans le cadre de l’Observatoire de la génération Z à l’initiative de la DRH-MD du ministère des Armées, financée par la DGRIS, et réalisée par l’équipe du domaine « Défense et société » de l’IRSEM, auprès d’un échantillon représentatif de 3 000 jeunes âgés de 16 à 18 ans, fournit des éléments de réflexion et ouvre des pistes de réflexion aussi bien dans le champ des études sur la jeunesse que dans le champ de la sociologie militaire. Les jeunes de 16-18 ans constituent aussi le futur vivier de recrutement des armées. Comment perçoivent-ils l’institution militaire et les métiers qu’elle abrite ? Quelle est leur conception de l’engagement ? À partir de quels liens se définit et s’entretient leur rapport à la nation ? Cette étude dresse un portrait des jeunes de cette tranche d’âge peu étudiée et permet de mieux comprendre la façon dont ils se projettent dans leur vie personnelle comme dans la vie collective.
Cette étude analyse les dynamiques locales qui expliquent la résilience des groupes qualifiés de djihadistes et de terroristes au Sahel. Elle ouvre aussi des perspectives comparatistes avec l’Afrique de l’Est. L’étude montre que le « terrorisme djihadiste » dans cette région du monde relève d’abord de dynamiques insurrectionnelles locales. Il convient à cet égard de distinguer les sources d’inspiration des combattants, qui renvoient à des modèles révolutionnaires globaux, d’une part, et des connexions opérationnelles qui s’avèrent être pour le moins ténues avec le monde arabe, d’autre part. En effet, la circulation transnationale de normes islamiques sujettes à une interprétation guerrière témoigne d’abord de la plasticité d’une tradition prophétique qui peut servir à justifier l’obéissance autant que l’insoumission. Mais la référence à des modèles globaux ne démontre en rien l’existence de transferts d’armes, de combattants et de fonds en provenance du monde arabe. De plus, elle ne constitue pas la cause d’insurrections dont la genèse doit beaucoup à la mauvaise gouvernance et à la faiblesse des États au Sahel.
Singapour, en tant que hub commercial, universitaire, voire stratégique, n’échappe pas aux convoitises. À la différence des États-Unis, Pékin a su y mobiliser une multitude de leviers, à différents niveaux (réseaux personnels, think tanks, universités, médias, partenariats économiques, propagande en ligne, etc.). La Chine a ainsi réussi à peser, souvent en sous-main.
Toutefois, les nuances entraperçues dans deux domaines précis – lutte contre la Covid-19 et 5G & big data – tendent à se confirmer au regard des attentes des nouvelles générations de dirigeants et d’électeurs singapouriens. Ce fut d’ailleurs l’une des principales leçons des dernières élections de 2020. L’idée d’une prise de distance vis-à-vis de la Chine ne serait donc pas que conjoncturelle. La vigilance vis-à-vis de Pékin n’aurait en fait jamais totalement cessé, en particulier dans le domaine de la défense et de la sécurité.
Afin de veiller à l’évolution de cette tendance forte, il conviendra d’évaluer les luttes de clans au sommet du pouvoir chinois (et leurs impacts sur Hong Kong et la mer de Chine du Sud) ainsi que l’évolution des relations (mésestimées) entre Singapour et Taïwan. La posture des puissances de second rang devrait également s’avérer décisive puisqu’elles font à présent figure d’éléments d’alternative diplomatique entre la Chine et les États-Unis aux yeux de Singapour.
Dans notre société où l’innovation est un pilier central de notre développement ainsi qu’un enjeu sécuritaire crucial, il est important de se questionner sur la place de l’innovation militaire et des entreprises qui la produisent dans le paysage économique mondial. À l’aide d’une analyse approfondie des données de brevets des plus grandes entreprises innovantes dans le monde, nous caractérisons les innovations des entreprises de défense au regard de critères quantitatifs (i.e. le nombre de brevets, de technologies, de connaissances scientifiques) et des indicateurs qualitatifs (i.e. originalité et généralité des inventions). Cette étude met en évidence la place paradoxale des entreprises de défense en comparaison des autres industries dans le monde. Alors que le secteur Aérospatial et Défense n’a qu’un poids marginal en termes de volume d’innovation, celui-ci se distingue par la diversité technologique et la qualité de ses innovations. En effet, les entreprises de défense présentent un portefeuille de brevets réduit au regard des pratiques des entreprises des secteurs industriels de l’information et de la communication, de l’automobile ou encore des entreprises pharmaceutiques. Cependant, au-delà de ce faible poids en volume, les entreprises de défense réalisent des innovations fortement diversifiées technologiquement et d’une qualité technologique importante. Ce résultat s’explique par les différents contextes dans lesquels les entreprises de défense évoluent. D’une part, le marché de ces entreprises représente de petites quantités et un nombre restreint de demandeurs. Au regard de la taille de secteurs comme ceux des technologies de l’information et de la communication, les entreprises de défense font figure, en volume, d’acteurs marginaux. D’autre part, la forte qualité et diversité de leurs innovations est le fruit de deux dynamiques complémentaires intrinsèquement liées aux caractéristiques de la demande militaire. La complexité et la diversité des technologies nécessaires à la production des biens militaires combinées aux exigences de l’État client amènent les entreprises à posséder une base de connaissances diversifiée avec de fortes capacités d’absorption et de diffusion.
Après un désengagement brutal à la chute de l’Union soviétique, la Russie reprend pied en Afrique depuis la fin des années 2000. En octobre 2019, le sommet de Sotchi a matérialisé ce retour en force. Si la coopération militaro-technique est le principal marqueur de cette présence rehaussée, l’influence informationnelle déployée par la Russie sur le continent mérite une attention particulière, tant son empreinte s’est élargie et diversifiée ces dernières années. Cette étude met en lumière ses pratiques et son écosystème disparate, ainsi que les contenus produits et diffusés par ses acteurs étatiques, non étatiques et sous-traitants en Afrique subsaharienne francophone. Alors que le président de la République a dénoncé fin 2020 la manière dont Moscou « jou[ait] sur le ressentiment post-colonial » en Afrique pour y attiser un sentiment antifrançais, nous examinons les efforts de diplomatie publique, les opérations de désinformation et les « entreprises d’influence » conduites par les acteurs russes à des fins de dénigrement ou de légitimation. L’étude propose une méthode originale fondée sur l’analyse textuelle et lexicométrique, à partir de deux cas emblématiques : la couverture de l’opération Barkhane et le traitement des actualités en République centrafricaine.
Les États-Unis se sont positionnés comme la première puissance en matière de soldat augmenté. La volonté de développer des « super soldats » s’observe effectivement, depuis plusieurs années maintenant, dans la stratégie de recherche et développement du département de la Défense américain (DoD), notamment par le biais de l’Agence pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA). Ce travail a pour objectif de mettre en lumière la complexité du phénomène d’augmentation militaire aux États-Unis. De nature ambivalente du fait de ses avantages et de ses nombreux risques associés, le soldat augmenté doit aussi s’analyser à travers le prisme plus global de la compétition entre grandes puissances. Sur ce point, le Pentagone semble pour l’instant privilégier l’aspect stratégique au détriment des considérations éthiques. Pourtant, malgré la pression que font peser des pays tels que la Russie ou la Chine et le contexte actuel de « tech-guerre », la puissance américaine ne peut continuer à éluder les problématiques et enjeux (éthiques en particulier) qui entourent ce concept, surtout si les démocraties occidentales poursuivent leurs réflexions en la matière et que les pressions internes à la société américaine se multiplient. Un positionnement éthique clair de la part des États-Unis permettrait d’envoyer un message important au reste du monde sur le sujet de l’augmentation.
Auteur : Antonin Tisseron
Ces dernières années, les signes d’une extension de la zone d’action des groupes armés jihadistes dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest frontaliers du Mali et du Burkina Faso se sont multipliés. Cette dimension transnationale de la menace jihadiste, qui n’est ni nouvelle ni spécifique à cette région du monde, pose la question du renforcement de la coopération sécuritaire. Si l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), la Force conjointe du G5 Sahel et la Force mixte multinationale (FMM) dans le bassin du lac Tchad ont fait l’objet de plusieurs travaux, d’autres organisations et enjeux ont été moins explorés. C’est notamment le cas de l’Initiative d’Accra, un forum sécuritaire créé en 2017 regroupant sept États (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger et Togo) et qui constitue le premier cas de cette étude.
Les deux autres cas explorent la coopération entre les États sahéliens et leurs voisins côtiers. Le premier traite de la coopération militaire, non de façon institutionnelle à travers les cadres de coopération, mais sous un angle plus politique à travers le couple que forment la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Plus précisément, en prenant comme point de départ l’opération Comoé 2020, il interroge la singularité de cette relation, ses implications mais aussi ses limites et ses conséquences. Le second aborde la coopération dans le domaine judiciaire en Afrique de l’Ouest en croisant les instruments normatifs et les pratiques des professionnels du droit, et pointe les difficultés rencontrées par les acteurs judiciaires en matière de coopération internationale.
Auteur : Fatiha Dazi-Héni
Cette étude analyse la manière dont le prince saoudien Mohammed Bin Salman (MBS), désigné héritier du trône en 2017, met la jeunesse du royaume au coeur de son programme de transformation économique et sociale, la « vision 2030 ». À défaut de bénéficier du soutien de sa famille, hormis celui de son père, le roi Salman, qui lui confère une partie de sa légitimité, le prince choisit de s’appuyer sur le socle majoritaire de la population, la jeunesse. Il utilise l’enthousiasme que suscitent chez les jeunes urbains ses projets de réforme pour raffermir son pouvoir, grâce à une stratégie de communication fondée sur les nouvelles technologies. En prétendant incarner les aspirations de la jeunesse, MBS pose les jalons d’une nouvelle gouvernance, que nous étudions ici parallèlement aux perceptions et attentes d’une partie de la jeunesse urbaine saoudienne, les Riyadotes.
Au-delà de l’approche autoritaire ultra-répressive qui caractérise la gouvernance du prince, cette étude montre qu’en pariant sur la jeunesse urbaine connectée, MBS se projette sur le long terme. En réformant les programmes scolaires et les orientations professionnelles prioritaires et en promouvant un narratif nationaliste et un islam de la « juste voie », il se détourne du wahhabisme afin de formater la jeunesse à sa « vision 2030 ».
Les armes nucléaires sont-elles prohibées depuis l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) intervenue le 22 janvier 2021 ? Sur le plan juridique, la portée du traité ne s’étend pas au-delà de ses membres, tous déjà engagés à ne pas se doter de l’arme nucléaire depuis des années à travers le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Pourtant, la campagne internationale menée par un ensemble d’acteurs, dont le plus visible est certainement l’International Campaign to Abolish Nuclear weapons (ICAN) proclame que les armes nucléaires sont « hors la loi ». L’ICAN en particulier prend appui sur cette évolution pour légitimer son action et opérer un tournant sans doute nécessaire à sa pérennisation et à l’amélioration de l’image du TIAN. En parallèle, cette ONG poursuit une stratégie de délégitimation de l’arme nucléaire et de stigmatisation d’une sélection d’États parmi ceux qui ont choisi de faire reposer leur sécurité sur la dissuasion nucléaire. Cette étude vise à exposer les enjeux de la mise en oeuvre du TIAN et les mécanismes impliqués dans son utilisation par l’ICAN.
Auteurs : CRP Marie-Capucine Vauzanges (préface de Anne Muxel)
Pourquoi construire aujourd’hui un monument aux morts pour la France en opérations extérieures ? Quelle est cette 4e génération du feu, à laquelle font de plus en plus souvent référence les documents médiatiques ou officiels mais dont un militaire sur deux n’a jamais entendu parler ? Pourquoi regrouper près de 250 opérations extérieures échelonnées sur plus de 50 ans, depuis la fin de la guerre d’Algérie ? À partir de l’inauguration du monument OPEX le 11 novembre 2019 et de son observation, cette étude interroge la pertinence de l’expression de 4e génération du feu, en la mettant en perspective avec les trois générations précédentes. Si le concept peut paraître sur de nombreux points artificiel, il n’en demeure pas moins indispensable pour donner corps à cette partie de notre histoire militaire et permettre ainsi l’émergence d’une mémoire des OPEX. Étape importante de ce processus, le monument OPEX a offert un support matériel à cette mémoire et l’a inscrite dans notre paysage. Il conviendra désormais de la faire vivre, d’en faire témoigner les acteurs vivants et de la sortir du domaine uniquement mortifère en célébrant aussi les héros et les faits glorieux, pour que la mémoire des opérations extérieures devienne à son tour histoire.
Auteurs : Edouard Jolly, Lucile Robin et Alexis Carrouget
Les conflits armés du XXIe siècle sont, pour le moment, majoritairement des guerres insurrectionnelles. Elles s’entendent comme de la « petite guerre » ou de la guérilla. Leur finalité politique consiste à s’opposer à des États et à leurs forces armées régulières, voire à d’autres groupes insurgés. La question des moyens permet de leur trouver un point commun : l’arme utilisée est de faible intensité, parce que la puissance morale d’une attaque insurrectionnelle est inversement proportionnelle à la puissance de feu employée. Une simple arme remilitarisée suffit à produire un massacre de civils accompagné de sa sidération dont les effets politiques, recherchés par l’ennemi, peuvent être désastreux. Les petites guerres se mènent avec de petites armes parce qu’elles ont de grands effets.
Se pose donc la question de l’usage des moyens à la fois les plus faibles et les plus courants, en particulier, les armes légères et de petit calibre (ALPC), catégorie majeure d’armes classiques. Le commerce illicite de ces armements alimente de nombreux conflits régionaux, tout autant qu’il favorise le crime organisé et encourage le terrorisme. En ce sens, le trafic d’armes classiques constitue un facteur majeur de déstabilisation des États. Les défis posés par le commerce illicite des ALPC requièrent des actions spécifiques, notamment sur les stocks et leur sécurité, la réglementation des transferts, la gestion des frontières, la réactivation illicite, le traçage et le marquage ou encore la résolution des conflits. Cette étude vise ainsi à présenter une vue d’ensemble de la problématique stratégique des moyens de nos « petites guerres » contemporaines.
Auteur : Christophe Lafaye
Produire un retour d’expérience (RETEX) au sein de l’institution militaire nécessite de s’intéresser à la diversité et à la transversalité des expériences humaines (des soldats jusqu’aux
généraux, des ennemis, des populations civiles, etc.) Ce qui apparaît fondamental pour le monde militaire s’avère essentiel dans le domaine des études de la guerre. Où se situe la réalité
de l’expérience que l’on souhaite analyser ? Quelles sources sont mobilisables pour étudier spécifiquement l’expérience combattante et quelles sont leurs modalités d’élaboration ? Cette étude souhaite mettre en lumière les sources permettant de travailler sur la mémoire combattante, en distinguant les modes de collecte pratiqués aux États-Unis et en France. Le développement exponentiel des archives personnelles numériques produites par les combattants sur le théâtre d’opération (journaux personnels, vidéos, photos, documents de travail, courriels, etc.) et leur problème de conservation, imposent une collecte volontariste de ces précieuses données au risque de les voir disparaître. Pour répondre à ce défi pour les armées comme pour la recherche, de nouvelles pistes doivent être explorées comme une collecte in situ sur le champ de bataille ou immédiatement après le retour des militaires des théâtres d’opérations.
Auteur : François Delerue, Frédérick Douzet et Aude Géry
Le droit international et les normes de comportement responsable sont au coeur des discussions onusiennes sur les progrès de la téléinformatique dans le contexte de la sécurité internationale. L’objet de cette étude est donc d’analyser – et de donner des pistes de réflexion sur – la place du droit international dans le cadre des deux processus en cours à l’ONU – le Groupe de travail à composition non limitée (GTCNL) et le Groupe d’experts gouvernementaux chargés d’examiner les progrès de la téléinformatique dans le contexte de la sécurité internationale (GEG) – et d’expliciter la façon dont le droit international est instrumentalisé dans les présentes négociations.
Cette étude est composée de trois parties. Dans un premier temps, elle expose dans quel contexte sont nés ces deux processus et quels sont leurs mandats respectifs et la place qu’y tient le droit international. Dans un deuxième temps, elle s’intéresse aux ambiguïtés et conséquences associées à la distinction établie entre normes de comportement et droit international. Enfin, la dernière partie se concentre sur l’interprétation de certaines règles du droit international que sont, d’un côté, les réponses autorisées par le droit international en réaction à une cyberopération et, de l’autre côté, le principe de souveraineté, et analyse les motivations géopolitiques qui la sous-tendent.
Auteur : Magali Vullierme (dir.)
Dans un contexte de changement climatique, les régions arctiques sont souvent décrites comme de nouveaux théâtres d’exploration, d’exploitation ou encore de résurgence du risque militaire. Toutefois, ces potentielles évolutions ne peuvent être considérées qu’au regard de la réalité de l’environnement arctique : climat hostile, distances entre communautés, absence d’infrastructures constituent autant de facteurs à prendre en compte. Afin d’illustrer cette complexité, cette étude collective propose une réflexion transdisciplinaire et transsectorielle, axée sur les impacts du changement climatique dans les sous-régions arctiques. Elle réunit les contributions d’experts de terrain – chercheurs ou logisticiens – autour de problématiques diversifiées mais complémentaires. Défis logistiques pour la recherche scientifique et l’exploitation des ressources, impacts sur la santé physique et mentale des populations locales, augmentation des risques maritimes, modification de la navigabilité ou risques pour les infrastructures civiles et militaires, cette étude propose un panorama de certains enjeux opérationnels de l’environnement arctique. Tirées d’expériences de terrain, de travaux de recherche, ou des deux, ces contributions illustrent la complexité d’un environnement impacté par le changement climatique. Elles visent également à amorcer un échange d’expérience entre ces milieux très cloisonnés afin, peut-être, de concourir de façon plus collective à une réflexion autour de ces enjeux.
En phase avec, d’une part, le contexte de « paix-guerre » à l’échelle internationale, d’autre part, le principe d’« ambiguïté stratégique » au niveau régional, les garde-côtes s’affirment comme un outil précieux dans l’arsenal diplomatique des gouvernements sud-est asiatiques. Ces forces non militaires opèrent non seulement au carrefour des sécurités traditionnelle (interétatique) et non traditionnelle (ou « humaine », centrée sur l’individu), mais aussi au coeur de l’Indo-Pacifique, dans l’écluse géopolitique entre océans Indien et Pacifique.
Afin de répondre aux premières questions que posent autant le recours à ces forces (adre juridique, intérêt stratégique) que leur organisation, cette étude, réalisée avec le soutien du Centre d’études stratégiques de la Marine (CESM), propose une introduction à ces nouvelles problématiques (définition des garde-côtes et opérations en « zones grises », retour sur le facteur chinois dans ce développement) suivie de cas pratiques. Ceux-ci sont centrés sur les deux États archipélagiques – Indonésie et Philippines – par lesquels transite le trafic maritime, avec l’exemple français comme point de comparaison.
Les contributeurs de ce volume, habitués des forums régionaux – en particulier Track 2 (semi-officiels) – et auteurs de nombreux articles sur le sujet, s’appuient entre autres sur une connaissance et une expérience très ancrées sur le terrain.
« Le Sri Lanka, l’Inde et le Pakistan face à la belt and road initiative chinoise »
Auteur : Raphaëlle Khan, Chercheuse Inde-Asie du Sud
L’Inde, le Pakistan et le Sri Lanka sont directement concernés par la route maritime et la ceinture terrestre des « nouvelles routes de la soie » chinoises. Cette étude identifie les nouveaux défis stratégiques et les opportunités auxquels ces trois pays font face avec la Belt and Road Initiative (BRI). Comme dans d’autres régions du monde, l’enjeu pour l’Asie du Sud est d’autant plus grand qu’elle est l’un des théâtres où se manifestent clairement les dimensions multiples et interconnectées de la BRI : politique, économique et militaire. La BRI est ainsi devenue un élément incontournable de la réflexion des pays concernés sur leurs politiques intérieures et étrangères. Dans ce contexte, cette région représente un laboratoire miniature des tensions engendrées par le développement de la BRI. Elle a la particularité de représenter en son sein un clivage de réponses contrastées, positives et critiques, que l’on retrouve au niveau global. En même temps, les évolutions récentes de la BRI et, au-delà, de la relation bilatérale entre les pays impliqués et la Chine, incitent à la prudence quant à une catégorisation trop binaire de ces réponses.
Alors que les attaques terroristes de 2015 ont mené à une visibilité plus grande du fait militaire dans l’espace public français, notamment en raison du déploiement de l’opération Sentinelle, la question de la manière dont le traitement médiatique accompagne cette évolution se pose. Cette étude vise à éclairer les processus à l’oeuvre dans le traitement médiatique du fait militaire en tenant compte des changements provoqués antérieurement par la seconde partie de l’engagement français en Afghanistan à partir de 2008 puis par l’opération Serval au Mali (2013). Elle propose également d’inscrire ces évolutions dans la prise en compte plus large des évolutions du paysage médiatique, qui imposent de nouvelles contraintes aux acteurs de ce secteur autant qu’elles offrent de nouvelles opportunités. Cette analyse globale permet d’envisager qu’un renouvellement des formes de représentation de l’expérience militaire soit en cours, notamment grâce à une affirmation plus claire de la finalité combattante de la vie sous l’uniforme, sans toutefois que les questions de défense soient devenues l’objet d’un débat médiatique plus structuré et approfondi.
Etude n° 65 - 2019
« MCO 4.0 : le potentiel des technologies de l’industrie 4.0 appliquées au maintien en condition opérationnelle (MCO) des équipements de défense »
Auteurs : Josselin Droff, ICA Benoît Rademacher
Le maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels de défense constitue un enjeu majeur pour le ministère des Armées, du fait notamment de son impact opérationnel et des coûts afférents. De nombreuses initiatives et expérimentations ont été lancées, ou sont en cours de déploiement, dans l’objectif d’améliorer significativement, voire de transformer, la façon de réaliser les tâches de MCO, tant au niveau des acteurs étatiques que des acteurs industriels. Elles misent en particulier sur le potentiel offert par les technologies à la base de la numérisation des chaînes de valeur, qui recouvrent un spectre très large allant de l’exploitation massive de données issues des matériels de défense en service (big data) à l’utilisation de robots ou de drones pour des tâches d’inspection ou de maintenance, en passant par la fabrication additive (impression 3D).
L’objet de cette étude est de caractériser l’impact de ces technologies et des concepts sous-jacents sur l’organisation et la réalisation du MCO des matériels de défense, pour tous les milieux (matériels aéronautiques, navals et terrestres).
À cette fin, les auteurs ont réalisé une étude bibliographique sur les évolutions des pratiques et sur les évolutions des technologies concernées et ont conduit plus d’une vingtaine d’entretiens auprès d’acteurs étatiques et industriels en charge des questions de MCO.
« Les combattants et les anciens combattants du Donbass : profil social, poids militaire et influence politique »
Auteur : Anna COLIN LEBEDEV
Étude n° 52 - 2017
« Les États-Unis et la fin de la Grande stratégie ? Un bilan de la politique étrangère d’Obama »
Auteurs : Maud QUESSARD et Maya KANDEL (dir.)
Étude n° 51 - 2017
« Faire la paix et construire l'État : Les relations entre pouvoir central et périphéries sahéliennes au Niger et au Mali »
Auteurs : Yvan GUICHAOUA et Mathieu PELLERIN
Étude No. 51 (EN) - 2018
"Making Peace, Building the State. Relations between Central Government and the Sahelian Peripheries in Niger and Mali"
Authors: Yvan GUICHAOUA and Mathieu PELLERIN
Étude n° 50 - 2017
« La Biélorussie après la crise ukrainienne. Une prudente neutralité entre la Russie et l'Union européenne? »
Auteur : Ioulia SHUKAN
Étude n° 49 - 2017
« Les stratégies et les pratiques d'influence de la Russie »
Auteur : Céline MARANGÉ
Étude n° 48 - 2017
« La rupture stratégique »
sous la direction du LCL Olivier ENTRAYGUES
Étude n° 47 - 2017
« Les Blogs de défense en France »
Auteur : Lcl Arnaud PLANIOL
Étude n° 29 - 2013
« États-Unis : quelle transition stratégique ? La politique de défense sous Obama, entre dynamiques internes et évolutions internationales »
Auteurs : Maya Kandel (dir) et Aude-Emmanuelle Fleurant
Synthèse
Étude n° 28 - 2013
« La Turquie au Moyen-Orient : L’apprentissage de la puissance »
Auteur : Gilles Riaux (dir)
Synthèse
Étude n° 27 - 2013
« Réflexions sur la crise libyenne »
Auteur : Pierre Razoux (dir)
Étude n° 26 - 2013
« Francophonie et profondeur stratégique »
Auteurs : Niagalé Bagayoko et Frédéric Ramel (dir)
Synthèse
Étude No. 26 (En) - 2013
"Francophonie and strategic depth"
Auteurs : Niagalé Bagayoko et Frédéric Ramel (dir)
Étude n° 25 - 2013
« Les défis stratégiques africains : exploration des racines de la conflictualité en Afrique Centrale »
Auteur : Amandine Gnanguênon (dir)
Synthèse
Étude n° 24 - 2013
« Les défis stratégiques africains : exploration des racines de la conflictualité en Afrique de l'Est »
Dr Amandine Gnanguênon (dir)
Synthèse
Étude n° 23 - 2013
« Défense européenne et information des citoyens »
Auteur : GCA (2S) Jean-Paul Perruche
Synthèse
Étude n° 22 - 2012
« Évolution du contrôle parlementaire des forces armées en Europe »
Auteurs : Bastien Irondelle, Olivier Rozenberg, Catherine Hoeffler, Jean Joana, Olivier Chopin, Christian Olsson
Étude n° 21 - 2012
« L'image des militaires français à la télévision, 2001-2011 »
Auteur : Bénédicte Chéron
Synthèse
Étude n° 20 - 2012
« Insurrections-contre-insurrections : éléments d’analyse sociologique à partir des terrains irakien et afghan »
Auteurs : Gilles Dorronsoro (Paris I Panthéon-Sorbonne), Christian Olsson et Raphaël Pouyé (CEC)
Étude n° 19 - 2012
« Le Paquet défense : quels impacts juridiques et industriels ? »
Auteurs : Docteur Jean-Yves Clairy et Général Jean-Paul Perruche
Étude n° 18 - 2012
« Etude comparative des livres blancs des 27 États membres de l'UE : pour la définition d'un cadre européen »
Auteurs : Olivier De France et Nick Witney (European Council on Foreign Relations)
Synthèse
Étude n° 16 - 2012
« Relation homme-robot, prise en compte des nouveaux facteurs sociologiques »
Auteurs : Frédéric Coste et Adeline Taravella
Présentation
Étude n° 15 - 2012
« Analyse comparée de la stratégie spatiale des pays émergents : Brésil, Inde, Chine »
Auteurs : Florence Gaillard-Sborowsky, Emmanuel Puig, Isabelle Sourbès-Verger
Étude n° 14 - 2012
« L'évolution du débat stratégique en Asie du Sud-est »
Auteur : Pierre Journoud (dir.)
Étude n° 13 - 2012
« Utilisation et investissement de la sphère internet par les militaires »
Auteurs : Marc Hecker, Thomas Rid
Étude n° 12 - 2012
« L'UE en tant que tiers stratégique »
Auteur : Frédéric Ramel (dir.)
Étude n° 11 - 2012
« L'Europe post-Lisbonne, illusion ou défi ? »
Auteur : Général Jean-Paul Perruche (dir.)
Étude n° 10 - 2011
« Enquête sur les jeunes et les armées : images, intérêt et attentes »
Auteurs : Ronald Hatto, Anne Muxel, Odette Tomescu
Étude n° 9 - 2011
« Etudier le renseignement, état de l’art et perspectives de recherche »
Auteurs : Olivier Chopin (dir.), Amélie Massard, Bastien Irondelle
Étude n° 8 - 2011
« Du pétrole à l'armée : les stratégies de construction de l'Etat aux Emirats Arabes Unis »
Auteur : Victor Gervais
Étude n° 7 - 2011
« Chaos, réveil et sursaut. Succès et limites de la stratégie du "surge" en Irak (2007-2009) »
Auteur : Stéphane Taillat
Étude n° 6 - 2011
« Du Network Centric à la stabilisation, émergence des nouveaux concepts et innovation militaire »
Auteurs : P.Gros, N.Vilboux, A.Kovacs, F.Coste, M.Klein, A. Malissard
Étude n° 5 - 2010
« La perception de la défense française chez nos alliés »
Auteurs : Ronald Hatto, Odette Tomescu
Étude n° 4 - 2010
« OTAN : Continuité ou rupture ? »
Auteur : Général Jean-Paul Perruche
Étude n° 3 - 2010
« Israël et son armée : société et stratégie à l'heure des ruptures »
Auteurs : le Général Bertrand Binnendijk, Samy Cohen, Alain Dieckhoff, Caroline Du Plessix, David Khalfa, Ilan Greilsammer, Camille Lorette, Marc Hecker, Thomas Rid, Nicolas Teneze
Étude n° 2 - Volume 2 - 2010
« Armées privées, armées d'Etat »
Auteurs : Jean-Christophe Romer, Laurent Henninger (dir.)
Étude n° 2 - Volume 1 - 2010
« Des gardes suisses à Blackwater »
Auteur : Jean-Jacques Roche (dir.)
Étude n° 1 - 2010
« Les crises en Afghanistan depuis le XIX°siècle »
Auteurs : Mariam Abou-Zahab, Gilllles Boquérat, Lieutenant-colonel Marie-Dominique Charlier, John Gunther Dean, Gérard Fussman, Colonel Michel Goya, Zalmaï Haquani, Pierre Journoud, Hassan Kakar, Pierre Lafrance, Nicolalas Regaud
Auteur : Arthur Quesnay