Après avoir traversé au cours des trente dernières années deux phases ascensionnelles majeures, la première dans le contexte de la guerre civile algérienne des années 1990, la seconde consécutive aux soulèvements arabes de l’hiver 2011, le jihadisme au Maghreb connaît un déclin durable. L’organisation État islamique, qui a pourtant dominé le champ mondial de la violence islamiste armée au cours de cette décennie, n’est pas parvenue à s’implanter dans la région. De son côté, Al Qaida au Maghreb islamique, si elle a pu conserver une capacité de résilience face à sa rivale, se retrouve désormais très affaiblie et acculée dans ses derniers bastions. Les raisons de ces échecs, qui marquent la fin d’un cycle historique, sont multiples mais témoignent des capacités d’adaptation des États comme de résilience des populations. Néanmoins, les facteurs d’une résurgence possible de ce phénomène sont toujours présents au Maghreb, qu’il s’agisse du substrat idéologique, des terreaux incubateurs socio-culturels, des risques potentiels ou présents d’instabilité politique, ou de l’apparition de nouveaux acteurs se réclamant de cette mouvance.