Depuis les attentats du 11 septembre 2001, on observe une triple légitimation du renseignement en France :
par le contexte international, à travers les défis sécuritaires contemporains comme le terrorisme, la criminalité organisée, les manipulations de l’information ; par la réorientation des politiques publiques (débouchant notamment sur la loi Renseignement du 24 juillet 2015) ; et par l’évolution des perceptions au sein des populations, touchées par le phénomène terroriste. Ce contexte peut favoriser le développement des études sur le renseignement, qui ont peiné jusque-là à s’imposer en France. Le sujet suscite en effet un nombre croissant de travaux en sciences humaines et sociales, principalement en histoire, en droit et en science politique.
Cette note fait le point sur les études sur le renseignement en France, sans prétendre établir une cartographie exhaustive du champ. Elle s’organise selon trois axes : tout d’abord, une brève généalogie des études sur le renseignement sera proposée selon une perspective comparée entre le monde anglo-américain et la France.Puis quelques données sur la structuration du champ (publications, thèses, réseaux de recherche, internationalisation) seront présentées. Enfin, nous formulons dix propositions pour le développement des études sur le renseignement, notamment en matière d’enseignements, d’habilitations accordées aux chercheurs ou encore la création d’une revue spécialisée. Nous plaidons également pour un rapprochement entre universitaires et praticiens effectué dans le strict respect de l’indépendance des sphères et dans le souci de la compréhension mutuelle. Le rôle de l’État et des pouvoirs publics est à cet égard fondamental pour donner l’impulsion et encadrer ce rapprochement.
Télechargez la note de recherche n° 67 - 2018