La naissance de l’armée de l’Air et de l’Espace est donc récente, comparativement aux autres composantes, l’armée de Terre et de la Marine. Ce décalage temporel a engendré des questionnements autour de sa quête identitaire, une préoccupation des hauts dirigeants de l’armée de l’Air et de l’Espace. Mais avant toute chose, revenons sur ce qu’est l’armée de l’Air et de l’Espace.
Portrait de l’armée de l’Air et de l’Espace
En raison de la diversité des métiers et des profils de son personnel – qui se divise en catégories de grades, de corps (mécaniciens, personnel navigant, personnel des bases) et de spécialités – l’armée de l’Air a un besoin de se doter d’une identité propre, forte et fédératrice.
- On reconnait par exemple le corps d’appartenance des officiers grâce à des symboles bien spécifiques portés sur leurs uniformes.
- 15 familles de métiers allant de l’espace à la logistique en passant par le renseignement et les ressources humaines (entre autres).
- 40 500 militaires dont près de 24% de femmes.
- 16% d’officiers, 60% de sous-officiers, 24% de militaires techniciens de l’Air.
Les objectifs de l’armée de l’Air et de l’Espace dans sa quête identitaire
Si la place de l’armée de l’Air et de l’Espace dans le système de forces français ne fait aucun doute (il semble qu’aujourd’hui aucune mission ou opération extérieure ne puisse se passer de l’aviation – de combat ou de transport, et même des drones), la question de l’identité demeure essentielle pour la haute hiérarchie des aviateurs. Il en ressort deux objectifs :
- Se différencier et s’affirmer par rapport aux autres armées.
- Créer un sentiment d’appartenance.
Se différencier des autres armées
Cette identité professionnelle se construit au fur et à mesure notamment autour d’un :
- discours technicien : lié au progrès technique que représente l’aviation.
- discours symbolique via la création de nouveau symboles : un langage propre, l’uniforme « bleu louise », la casquette des aviateurs, le poignard (et non le sabre pour les marins ou les terriens) qui devient le symbole du commandement.)
- discours mythologique : avec la figure du pilote de chasse, et plus particulièrement des As de la Première et de la Seconde Guerre mondiale.
Créer un sentiment d’appartenance
Afin de favoriser une identité commune qui fasse « esprit de corps » au sein de la composante, les chefs d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace ont multiplié les plans stratégiques pour, entre autres, unifier les aviateurs dans leur diversité autour de valeurs fortes comme le respect, l’intégrité, le sens du service et l’excellence, qui sont issus du plan stratégique Unis pour faire face de 2014 et qui sera renouvelé quelques mois plus tard.
En 2019, le Plan de vol , nouveau plan stratégique de l’armée de l’Air et de l’Espace qui propose de définir l’aviateur comme étant « agile, précis, audacieux et passionné »
D’un point de vue sociologique il semble impossible de définir une seule identité professionnelle pour les aviateurs. Toutefois, pour l’institution il est nécessaire de construire un discours unifié et unifiant afin de créer un « esprit de corps » autour de savoir-faire et de savoir-être propres à l’armée de l’Air et de l’Espace. Pour en savoir plus sur les professions au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace vous pouvez lire :
- TROTOUX Camille, « Définissez “être aviateur” ? » Identités professionnelles militaires et processus décisionnels : une analyse multiniveaux à partir du cas français. Thèse de doctorat en Science politique, novembre 2021.PAJON Christophe, TROTOUX Camille, « Officiers dans l’armée de l’Air et de l’Espace. Segmentation d’une profession et espace interarmées » in JANKOWSKI Barbara, MUXEL Anne, THURA Mathias (dir.), La sociologie militaire : héritages et nouvelles perspectives, Peter Lang, Oxford, 2021, 470 p., pp. 153 – 176.
Pour aller plus loin, vous pouvez (re)voir le colloque l’éthique de la puissance aérienne et de la maîtrise du domaine spatial :
- Colloque « Ethique de la puissance aérienne et de la maîtrise du domaine spatial » co-organisé par l’IRSEM et le CESA.
- MATZ Louise, TROTOUX Camille (dir.), Ethique de la puissance aérienne et de la maîtrise du domaine spatial, La Documentation française, Paris, 2022.