Les technologies liées au recueil et au traitement de la donnée ouvrent des perspectives considérables au regard de la connaissance et du renseignement, y compris dans un environnement peu perméable. Peuvent-elles permettre de décrypter plus facilement la région Afrique du Nord / Moyen-Orient (ANMO), souvent considérée comme compliquée dans l’imaginaire occidental ? Cet espace présente une exposition contrastée à la donnée : d’un côté, la collecte est limitée par de multiples barrières (contrôle politique et social, insécurité, codes culturels) ; de l’autre, les individus sont de plus en plus exposés à la surveillance numérique en raison d’une régulation encore faible tandis que les comportements se digitalisent très vite. De fait, des acteurs publics et privés toujours plus nombreux collectent et analysent des data pour informer, investiguer et tracer, transformant le terrain de la connaissance en un espace concurrentiel. Si ces technologies offrent des opportunités à certains gouvernements de la région ANMO, dans l’exercice de missions régaliennes, elles représentent d’importants défis pour la majorité d’entre eux. L’acquisition des compétences, le contrôle des données et de la souveraineté nécessiteront des investissements très importants. Les États qui n’y parviendront pas risquent d’être concurrencés par les nouveaux acteurs de la donnée.