La singularité du métier militaire a fait l’objet d’un regain d’intérêt notable à la fin des années 2010 au sein du ministère des Armées. Il peut s’expliquer par un sentiment de fragilisation des attributs qui composent cette singularité. À ce titre, la question du caractère indiscutable, justifié et immuable de la singularité du métier militaire peut se poser. La réponse mérite d’être nuancée. En effet, la singularité du métier militaire est particulièrement défendue aujourd’hui ; elle constitue d’ailleurs une nécessité, en ce qu’elle est dictée par la spécificité des missions des armées, telle la capacité confiée au militaire de pouvoir donner la mort sur ordre ou l’acceptation de la recevoir. Celle-ci serait d’ailleurs la spécificité mère. Toutefois, divers phénomènes contemporains et évolutions, intérieurs et extérieurs aux armées, tendraient à relativiser cette spécificité. Par ailleurs, en se projetant dans le temps, il peut être soutenu que, quel que soit le visage des métiers militaires du futur, ils demeureront singuliers parfois par nature, mais toujours par destination. Les autorités ministérielles et le commandement devront rester vigilants et agir pour éviter tout risque de banalisation compte tenu des multiples défis auxquels devront faire face les armées de demain.
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