Depuis plus de deux décennies, la Chine s’emploie à effectuer à l’étranger des opérations militaires autres que la guerre (OMAG), permettant ainsi à ses forces militaires de se projeter à l’international. Les OMAG chinoises à l’étranger sont directement inspirées de la doctrine américaine des Military Operations Other Than War (1995-2006). Ces opérations, menées en grande partie grâce au déploiement de moyens militaires pour des enjeux sécuritaires non traditionnels, attisent-elles le dilemme de sécurité ? L’hypothèse avancée dans cette étude est que, en effet, les OMAG menées par la Chine à l’étranger contribuent à exacerber le dilemme de sécurité et de ce fait affectent les relations interétatiques. Pour quelles raisons ? Les OMAG menées par la Chine à l’étranger occupent, depuis ces deux dernières décennies, une place plus importante dans la stratégie de l’Armée populaire de libération (APL). Elles font l’objet à la fois d’une plus grande institutionnalisation et d’un nombre croissant d’opérations dont celles dédiées à la protection des populations (Resevacs/évacuation de ses nationaux à l’étranger et Humanitarian Aid and Disaster Relief). La Chine tire de ses OMAG des bénéfices aussi bien militaires que stratégiques. Enfin, elles s’inscrivent dans un contexte de compétition croissante avec les autres puissances, au premier rang desquelles les États-Unis dont elles attisent la méfiance. La coopération serait alors envisagée comme l’un des moyens de réduire les mécanismes à l’œuvre dans le processus du dilemme de sécurité.