Séminaire Afrique
Mercredi 29 mai 2024
Mercredi 29 mai 2024 10h -12h
Ecole militaire - Salle 42
Titre de la séance : Entre enclavement constaté, ouverture espérée et conflictualité : quelques enseignements issus des stratégies portuaires dans la Corne de l'Afrique
Résumé
La Corne de l’Afrique connaît actuellement des modifications majeures en matière de géographie portuaire et maritime. Avec désormais la présence de la Chine à Djibouti et à Lamu (Kenya), des Émirats arabe unis (EAU) à Berbera (Somaliland) et possiblement à Boosaaso (Puntland/Somalie) et de la Turquie à Muqdisho (Somalie), les répartitions capacitaires et stratégiques des ports ont considérablement évolué en 20 ans. L’Éthiopie, enclavée par la sécession de l’Érythrée (1993), cherche des débouchés alternatifs au port et au corridor de transport de Djibouti. C’est principalement par la stratégie de désenclavement éthiopienne, actuellement bridée par les multiples crises internes du pays, que doivent être lues les dynamiques portuaires régionales.
Ce serait oublier cependant que les déploiements militaires – notamment de la Chine, des États-Unis, des EAU et de la France – ont évolué eux aussi au gré de l’extension de la présence chinoise outre-mer, de la lutte occidentale contre le terrorisme, de l’implication des Émirats et de l’Arabie saoudite au Yémen et surtout de la sécurisation généralisée des voies maritimes. L’espace environnant le grand détroit de Bab el-Mandeb – la mer Rouge et le golfe d’Aden – est actuellement en proie à une violence maritime d’une rare intensité en raison de l’extension maritime du conflit civil yéménite et un possible nouveau cycle de piraterie somalienne après celui qui a affecté le large somalien entre les années 2000 et 2010. Dans ce contexte difficile pour la circulation maritime empruntant l’axe majeur allant du canal de Suez au golfe d’Aden, première voie maritime mondiale, la situation des ports régionaux semble incertaine.
Il s’agira, à l’aide des éléments précédemment développés, de dresser un tableau actuel des espaces portuaires et maritimes de la Corne de l’Afrique, d’en tirer quelques enseignements et de voir si ceux-ci sont généralisables à d’autres contextes, en particulier africains.
Intervenant : François Guiziou, chargé de recherche CNRS
Biographie : François Guiziou est géographe, chargé de recherche au CNRS, membre de l’UMR CNRS IDEES Le Havre. Il a obtenu son doctorat à l’Université de Nantes, où il a travaillé au sein de l’UMR CNRS LETG sur la Somalie. Depuis 2006, il consacre ses travaux à l’économie des transports et à la sûreté maritime et portuaire, en particulier dans le bassin occidental de l’océan Indien. Il est l’auteur d’articles, de rapports et de chapitres d’ouvrage sur la piraterie au large de la Somalie et sur le transport dans la Corne de l’Afrique, essentiellement sur les stratégies portuaires de désenclavement de l’Éthiopie. Avant de rejoindre le CNRS en 2022, il a été chercheur notamment à l’École navale et à l’Université du Littoral Côte d’Opale.
