Note de recherche n° 55 - 2018

L'arsenal nucléaire russe : ne pas s'inquiéter pour de mauvaises raisons par Bruno TERTRAIS

19
Jun

Depuis une vingtaine d’années, la littérature stratégique occidentale a consacré un discours, désormais dominant, sur l’arsenal nucléaire russe. Celui-ci s’exprime dans des assertions du type : la doctrine russe de « l’escalade pour la désescalade » et les exercices militaires à grande échelle qui y sont liés, sont l’illustration des velléités de Moscou d’utiliser des armes nucléaires de théâtre de faible puissance. Ces dernières sont perçues comme devant permettre à la Russie d’empêcher une victoire de l’OTAN contre ses propres forces, ou bien encore, de contraindre l’Alliance atlantique à faire cesser tout conflit dans des termes qui soient favorables au Kremlin. Cependant, la plupart des composantes de ce discours ne reposent que sur de faibles preuves, et il y a des éléments solides pour les contrer. La Russie n’est pas en train de construire de nouveaux systèmes nucléaires de théâtre. Aucune source ne semble démontrer l’existence d’ogives de faible puissance. La doctrine de « l’escalade pour la désescalade » n’existe pas, et la Russie ne simule pas l’emploi de l’arme nucléaire dans ses exercices militaires à grande échelle. Le problème nucléaire russe est réel et sérieux – mais il est politique avant d’être militaire.

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