Les relations entre le Mali et la Russie se sont essentiellement matérialisées, jusqu’à une période récente, par une coopération de défense relancée au début des années 2000 sur les fondements de liens établis à l’époque soviétique. Elles connaissent toutefois un nouvel essor depuis les deux coups d’État de 2020 et 2021 et les négociations entamées par les autorités maliennes avec l’organisation paramilitaire Wagner. L’arrivée fin 2021 de ce groupe de mercenaires russes au Mali, déjà déployé dans d’autres pays africains, apparaît comme l’un des marqueurs les plus emblématiques du réengagement amorcé ces dernières années par Moscou en Afrique subsaharienne. Elle s’inscrit en outre dans un contexte d’isolement régional et international de Bamako, de crise politique majeure entre la France et le Mali, et de dégradation toujours plus profonde des relations entre la Russie et les pays occidentaux depuis l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022. Le Mali offre en cela un terrain privilégié pour observer les particularités et les mutations de l’action internationale de la Russie en Afrique. Cette étude met en évidence la nature bicéphale de cette présence, en analysant l’action des acteurs russes officiels et non étatiques engagés dans la « coopération militaro-technique » avec Bamako, leurs échanges économiques, ainsi que leur rôle au sein du dispositif d’influence (médias d’État internationaux, opérations informationnelles, campagnes de désinformation) déployé au Mali pour accompagner et légitimer leur agenda. Ses auteurs s’intéressent en particulier aux interactions et à la combinaison entre ces deux sphères, tout en mettant l’accent sur le réseau et les pratiques constitutifs de la galaxie Prigojine, du nom du sponsor du groupe Wagner et acteur clef de la politique africaine de la Russie. Sur le plan méthodologique, l’étude se nourrit principalement de l’enquête numérique en sources ouvertes, à travers l’exploitation de sources primaires russes (textes de loi, documents officiels, rapports de centres affiliés aux autorités fédérales) et l’analyse textuelle des contenus produits par les acteurs de l’influence informationnelle russe au Mali.

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