Ces derniers mois, alors que la guerre commerciale sino-américaine fait peser de nombreuses incertitudes sur l’économie mondiale, la résurgence des menaces sur les approvisionnements en terres rares par la Chine nous ramène au premier acte de cette problématique. En septembre 2010, la Chine mettait en place un embargo sur les terres rares à destination du Japon, transformant un différend diplomatique territorial au sujet des îles Senkaku en un conflit commercial aux conséquences vitales. En effet, les terres rares sont essentielles au fonctionnement de l’industrie japonaise puisqu’elles servent à la fabrication d’aimants utilisés pour la production de moteurs de véhicules hybrides ou d’éoliennes. Cet épisode a souligné la vulnérabilité des pays européens vis-à-vis de leurs approvisionnements en matières premières minérales.
Le monopole chinois sur les terres rares (la Chine assure entre 85 % et 95 % de la production mondiale de ce groupe de métaux) n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg. À l’exception des métaux de « base » (cuivre, fer, aluminium...), l’UE dépend à 97 % des approvisionnements extérieurs pour un groupe de 27 matières premières qu’elle a identifiées et qualifiées de critiques. Force est de constater que la Chine produit plus de 50 % de 16 d’entre elles.
Cette tendance, observable dès les années 1960 pour le charbon et l’acier en France, s’est accentuée avec la chute de l’URSS en 1991. En effet, la mise sur le marché de stocks de métaux importants par les ex-satellites soviétiques a contribué à faire chuter les prix et à rendre l’exploitation minière moins rentable. Déjà sujette à des controverses environnementales dans les années 1980, la filière minière a progressivement décliné en Europe et en France en particulier. Il n’existe plus en France aucune mine en activité, hors matériaux de construction.
Téléchargez l'étude de l'IRSEM n°72 - 2019