La Russie en Afrique. Séminaire 1 : Les relations économiques et commerciales de la Russie avec l’Afrique : quelles trajectoires ?

Mercredi 30 avril 2025

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Mercredi 30 avril

10 - 12h

Ecole militaire - Amphithéâtre Moore

 

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Les relations économiques et commerciales de la Russie avec l’Afrique : quelles trajectoires ? 

Avec le Prof. Julien Vercueil. 

 

 

L’influence russe en Afrique est multiforme. Elle s’appuie notamment sur ses relations économiques avec une grande diversité de pays africains. Ces relations se sont développées depuis les années 2000, après un effondrement lié à la grande transformation de la Russie des années 1990. Julien Vercueil commencera par une analyse de leurs tendances de fond, en dépit de la fiabilité réduite des données statistiques officielles disponibles sur le sujet. Il se penchera en particulier sur les relations commerciales, tout en étudiant, lorsque ce sera possible, d’autres dimensions – financière et technologique notamment. Il cherchera également à mieux comprendre la manière dont la guerre d’invasion d’Ukraine et les sanctions ont pu affecter les relations économiques russo-africaines, avant de proposer son évaluation des scénarii possibles pour leurs évolutions.

 

Julien Vercueil est professeur des universités en économie à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales, dont il est vice-président. Spécialiste des économies post-soviétiques, il publie régulièrement dans des revues académiques nationales et internationales. Son dernier livre est intitulé Economie politique de la Russie. 1918-2018 (Le Seuil, 2019). 

 

Ce séminaire est le premier d’un cycle de conférences intitulé La Russie en Afrique : logiques et répertoires d’action et animé par Alexandre Lauret, Céline Marangé et Mathieu Mérino à l’IRSEM. 

 

 

Cycle de conférences

La Russie en Afrique : logiques et répertoires d’action.

Alexandre Lauret, Céline Marangé, Mathieu Mérino 

 

Le regain d’intérêt de la Russie pour l’Afrique s’explique d’abord par sa confrontation grandissante avec les pays occidentaux et sa volonté d’œuvrer à la désoccidentalisation du monde. Comme à l’époque soviétique, cet agenda crée des opportunités pour les dirigeants africains en quête de nouveaux partenariats de sécurité, à un moment où s’exprime dans les sociétés africaines, en particulier dans la jeunesse, un désir d’affirmer la souveraineté nationale, de diversifier leurs relations extérieures et de se distancier du modèle occidental. Se pose la question des stratégies des protagonistes et de leur compatibilité à moyen terme : comment différents acteurs africains – les États, les sociétés civiles, les entrepreneurs – cherchent-ils à tirer parti de l’influence économique et politique de la Russie dans un environnement régional et international de plus en plus instable, complexe et compétitif ? 

Dans les études produites en France, la présence russe en Afrique est souvent réduite à deux dimensions, les manœuvres de désinformation et les opérations de sociétés paramilitaires russes. Ce prisme d’analyse sécuritaire résulte d’une forme de compétition qui se manifeste en particulier dans l’ancien pré-carré francophone du Sahel et en République centrafricaine. Or cette présence revêt une nature multiforme, tout en s’inscrivant dans le temps long de l’histoire de l’anti-impérialisme et de la mémoire des luttes pour l’indépendance. La révolution russe a d’emblée suscité en Afrique des espoirs utopiques, alors que le continent était dominé par des puissances coloniales. Le soutien apporté par l’Union soviétique à de nombreux pays africains après leur indépendance, de même que la prise en charge d’étudiants africains dans les pays du bloc de l’Est, ont créé des liens humains et économiques qui, s’ils se sont fortement distendus à la fin de la guerre froide, n’ont jamais complètement disparu.

Ce cycle propose d’explorer les relations russo-africaines sous l’angle politique, économique et diplomatique, à travers l’étude de cas pratiques, et de croiser les points de vue en invitant des économistes, des politistes, des historiens et des anthropologues, qu’ils soient africanistes ou spécialistes de la Russie. Parmi les thématiques à aborder figurent les questions suivantes :  

  1. Comment des acteurs publics russes sont-ils parvenus à capitaliser sur le souvenir du soutien soviétique et sur le souvenir de la colonisation ? 

  2. La Russie exporte-t-elle ses méthodes d’ingénierie électorale sur le continent africain et vise-t-elle à y faire émerger un autre modèle de gouvernance ? 

  3. Que recherchent les dirigeants africains qui nouent des partenariats sécuritaires et stratégiques avec la Russie et peuvent-ils se défaire des sociétés militaires russes ? 

  4. Quels sont les principaux acteurs privés et publics russes présents en Afrique et à quels types de concurrence étrangère et locale se heurtent-ils ? 

  5. Quelles conséquences la guerre en Ukraine a-t-elle eues sur le commerce en Afrique et quelles initiatives ont été prises pour y renforcer la sécurité alimentaire ?